LE RECIT DES CHAMPIONNATS DU MONDE DE JULIEN MAREC
Tout commence un an plus tôt avec ma qualification obtenue à Vichy. Je me rappelle alors d’un entrainement avec mon pote Fabien qui me dit : “si tu te qualifies je viens avec toi!”. Un an plus tard, nous voilà à 4 (Rachell la femme de Fabien, Fabien, Stéphanie et moi) pour partager ce grand voyage et vivre une superbe expérience!
Nous sommes le 25 août, le jour du grand départ pour Port Elizabeth; la course est le 02 septembre mais nous arrivons une semaine avant, histoire de profiter pour faire du tourisme. Je suis bien stressé car c’est la première fois que je voyage avec mon vélo, et en terme de logistique ça change pas mal de choses… Ma hantise est qu’il ne suive pas nos vols, qu’il arrive avec du retard ou encore pire qu’ils le perdent! J’avais passé le mot à Gilles un copain qui bosse chez Air France, de dire à ses collègues de prendre soin de mon vélo. Durant les vols de la compagnie, une hôtesse est toujours venue me voir pour me rassurer que le vélo était bien dans la soute!
Après presque 24h de voyage nous atterrissons enfin à Port Elizabeth. Il est 15h, il fait 14 degrés et un fort vent glacial! Et oui ici c’est l’hiver! Je récupère mon vélo, j’ai tous mes bagages!
J’ai eu une semaine pour m’acclimater, et faire quelques entrainements, dont une natation avec Fabien, un vélo avec Sly du TTM et des courses à pieds avec la team! Le dossard a été retiré le mercredi et le jeudi nous avons pu participer à la parade des nations, un super moment!
Le samedi après-midi je vais poser mon vélo au parc pour le lendemain ainsi que mes sacs de transition, tout est ok, il n’y a plus qu’à…
Dimanche matin, jour de course, levé à 05h30, mon départ est à 08h02 (les horaires changent en fonction des groupes d’âge), toute la team est prête, je n’ai pas de stress car pas d’ambition particulière, juste profiter et prendre de l’expérience. Il va pleuvoir et faire 16 degrés au maximum, ça changera des températures françaises!
Le départ approche, je retrouve Jérôme du TTM qui est dans ma catégorie, pour que l’on parte ensemble. Dernier bisous à ma femme, check avec Fabien et Rachel et c’est parti!
Départ par catégorie et en rolling start (à 10 toutes les 10s), top départ! Je cours pour partir nager, le parcours est en forme de U, le premier virage est à 800m, ça remue un peu, mais j’arrive à nager, on n’est pas gêné et c’est plutôt agréable. L’eau est bonne, je finis la partie natation en 32mn, loin de mon record mais fidèle à moi-même, c’est mon point faible. Tous les voyants sont au vert! Après la course j’apprendrai que durant la natation il y avait des dauphins qui s’amusaient à l’intérieur du parcours en forme de U! Instant magique et surréaliste…
Je me dirige vers la transition, les bénévoles enlèvent la combinaison pour ceux qui le souhaitent, perso je préfère me la sortir seul. Je prends mon sac de vélo pour me changer, un bénévole arrive et m’aide à me changer en me tendant les affaires et en récupérant celles de natation, c’est appréciable! je cours vers mon vélo, allez c’est parti pour mon point fort!
Il pleut mais bizarrement je n’ai pas froid… Par contre en étant sur mes cibles du capteur de puissance je suis hors cible niveau cardiaque. Du coup au bout de 10mn je décide de ralentir pour rester sur la plage cardiaque déterminé lors des entrainements. Si je reste trop haut je ne finirai pas la course ou pas bien. Malgré ça, je continue à doubler et je me sens très facile. Sensation très bizarre… Niveau paysage j’en prends plein les yeux quand nous longeons l’océan. J’aurai le plaisir de croiser les premiers pros, ils sont 6 les uns derrière les autres, ce sont les meilleurs mondiaux, ça fait bizarre de les croiser! Sur la fin du parcours le vent se lève un peu, je l’ai de face, ça m’oblige à ralentir un peu. Je rentre dans le centre de la ville, je croise quelques coureurs, c’est la fin du vélo. J’aurai mis 2h26 pour faire les 90km et 1000m de D+.
Un bénévole récupère mon vélo, je pars chercher mon sac de course à pieds pour me changer. C’est parti pour la dernière épreuve!
Les premières foulées sont bonnes, les sensations aussi, par contre niveau cardiaque je suis beaucoup trop haut ce qui m’oblige à ralentir. Je croise mes supporters ce qui me fait un bien fou. Ils me demandent si tout va bien. Je suis obligé de répondre que oui sinon c’est que je lâche mentalement, mais difficile de se mentir, je n’y suis pas. Je pense que je paye ma longue saison, mon corps me le rappelle à chaque pas. C’est dur, mais je m’accroche et j’essaye de profiter d’un tel engouement. Finalement seul les passages où je retrouve mes supporters me feront du bien, le reste du temps je serre les dents. Plus que 2km, j’accélèrerai bien mais je suis à bout musculairement… plus que 500m, j’arrive sur l’aire d’arrivée qui est à la hauteur de l’évènement, soit énorme! je vois mes supporters, je leur fait coucou et je profite de ce moment gravé à vie, le passage de la ligne d’arrivée d’un championnat du monde… J’ai les larmes qui me montent… on me remet la superbe médaille, je suis comme un gamin. Voilà c’est terminé, j’aurai fait le semi en 1h35 soit 10mn de plus que prévu et un total de 4h41 ce qui me classe 624ème sur 2900 hommes (la course des filles était le samedi).
J’aimerai remercier ma famille, mes amis, mes collègues qui ont supporté ma charge d’entrainement, mon patron qui me soutient dans ce sport, mes copains d’entrainements, mon coach qui m’a amené à ce niveau. Un remerciement particulier à mon ami et voisin Christophe qui m’a accompagné cet hiver sous la pluie en vélo pour me donner mes allures course à pieds, à Nicolas et Trèfle Applications qui en me sponsorisant m’a permis de vivre ce rêve, à Fabien et Rachel d’être venus jusqu’ ici pour me supporter. Le meilleur pour la fin, merci à ma femme Stéphanie de supporter (et me supporter) toute l’année pour que je puisse m’entrainer dans de bonnes conditions!